Merci

Le chemin était étroit et j’entendais les pas se rapprocher de moi depuis quelques minutes déjà. Le temps était beau parce que le soleil brillait mais sans nous écraser de sa chaleur. Il était encore relativement tôt aussi. La nature était au temps charnière du printemps et de l’été quand les vies animale et végétale ont atteint leur apogée. Après cela le manque d’imagination s’installera doucement jusqu’à l’arrivée de l’automne. Les pas derrière moi avaient la régularité d’un métronome alors que les miens trahissaient la somme de mes errements volontaires de ce matin là. Quand les pas furent trop près, je me mis sur le bord du chemin pour laissé passer cette personne plus pressée ou moins dans un doute bienfaisant que moi. Elle allait vite parce que je n’eu même pas le temps de me retourner pour la voir que j’entendis dans un murmure: ‘merci’. C’était dit si bas, tellement en opposition avec la force du pas que cela me laissa rêveuse et que je regardai la silhouette s’éloigner et la distance entre nous grandir encore plus vite que je ne l’aurais cru. Le ‘merci’ était un vrai ‘merci’. De ceux qui vienne des grandes profondeurs de l’humain. Et le fait de le dire si bas, le rendait paradoxalement encore plus fort et plus sincère que s’il avait claqué plus haut que le bruit des pas qui accompagnait cette personne. J’entendais dans ma tête l’écho à l’infini de se merci qui avait dérangé si peu de molécules d’air. C’était une belle musique. Toute simple. Mais elle était essentielle.