Les pigeons anonymes

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Je les ai compté à travers le monde entier: ils sont 173. 173 pigeons qui se cachent derrière un masque d’anonyme. Et je ne crois pas qu’il y en aie d’avantage. Parce que j’ai cherché partout. Vraiment partout, même là où les pigeons ne vont jamais. Ce fut une quête passionnante parce qu’elle m’a fait découvrir tant de choses que j’ignorais pouvoir trouver sur notre terre si fertile. Jamais je ne pourrais raconter toutes les histoires de ce périple même si je ne m’en tiens qu’aux faits les plus marquants.
Je pense pouvoir dire que je les ai tous trouvé et je suis fière de ma ténacité qui a fait que je n’ai jamais cédé à la tentation d’abandonner. Ils sont 173. J’ignore la signification de ce chiffre et s’il en a une. Ce fut plus facile aussi quand à de rares occasions de petits groupes se rassemblaient. Je les reconnais parce que je les ai chercher sans relâche. A chacun j’ai donné un nom. C’est absurde, mais c’est mieux qu’un chiffre entre 1 et 173. Je les reconnais tous parce que j’ai passé des années entières de ma vie à essayer de comprendre qui ils sont est quelle est leur mission, s’ils en ont une. Je les reconnais tous, mais n’en connais aucun. Quel secret se cache derrière ces masques? Aurais-je jamais une réponse à cette question? Je ne suis jamais arrivée à les approcher de suffisamment près pour tenter d’entrer en communication avec eux. Dès que je tentais une approche ils disparaissaient. Oui j’ai bien dit: ils ne s’envolent pas mais ils disparaissent. Ils étaient là et soudain ils ne sont plus là. C’est aussi simple que cela mais sans que je ne puisse dire à quel moment exact ils disparaissaient. Encore un mystère de plus. Oui ces années ont été passionnantes. C’est une richesse de trouver sa quête, c’est un accomplissement de la poursuivre.
024 copie Mes pensées remontent au jour où pour la première fois j’ai aperçu l’un d’entre eux. Bien sûr je n’ai pas cru ce que je voyais. Un pigeon portant un masque cela n’existe pas… Et pourtant… Il était perché sur un fil électrique. J’ai vu le pigeon, j’ai vu son masque, j’ai vu le courant électrique circuler sous ses pattes. Nous sommes restés ainsi des minutes entières dans notre immobilité et puis j’ai voulu m’approcher et… il a disparu. Un pigeon sans masque est venu prendre sa place le temps que je pousse mon soupir d’étonnement parce que un pigeon masqué, mon soupir de déception parce qu’il avait disparu, mon soupir de tristesse parce que je pensais que je ne verrais plus quelque chose comme ça, mon soupir de contentement profond parce que rien ne me plaît tant que de voir un spectacle impossible, mon soupir d’exultation parce que maintenant je connaissais le visage de ma quête.
Bien sûr je suis restée là jusqu’à la nuit tombée et encore un peu après au cas où il reviendrait. Il n’est pas revenu. Ne sont venus que des pigeons sans masques et aussi une hirondelle pourtant loin du printemps.
J’avais trouvé ma quête. Je partirai à la recherche du pigeon masqué qui n’existait peut-être que dans mon imagination. Et j’en ai trouvé 173… Il m’a fallut 3 ans pour que je trouve le deuxième et après tout est devenu plus facile. Je ne sais pas pourquoi. Je les ai trouvé sur tous les continents et parfois sur des îles perdues. Ils sont partout et cela n’ont plus n’est pas normal. ‘Normal’… un mot que j’ai oublié dans cette histoire, d’ailleurs je ne l’ai jamais aimé. Je les ai tous trouvé et puis plus rien n’avançait parce que je n’ai pas trouver comment les empêcher de disparaître. J’ai hurlé de loin sans m’approcher dans l’espoir qu’ils m’entendent, ne disparaissent pas, me répondent ou au moins me voient. Je n’ai pu accomplir cette partie du chemin et l’âge de la vieillesse m’a rattraper. Aussi la nostalgie des miens et de chez moi. Chez moi était devenu la terre entière mais maintenant cela devait redevenir un petit espace que je connais par cœur. Alors je les ai laissé derrière moi. Peut-être en verrais-je encore une fois ou deux s’ils viennent là où je suis née.
Je suis retournée sur mes pas, sans un regret. Tout ce que j’emportais était un masque qu’un jour j’avais trouvé après une disparition. Il est devenu mon trésor le plus précieux, mon talisman. Pour moi, il vaut tout l’or du monde.
024 Aujourd’hui je suis chez moi. Chez moi… Avec les miens. Bien sûr je leur ai raconté ma quête mais je ne crois pas qu’ils m’ont crue. Ce n’est pas grave. C’est mon histoire, c’est ma vie. Mais, tout bas, j’espère que l’un d’entre eux reprendra cette recherche là où je l’ai laissée. Il fallait encore essayer de communiquer avec les pigeons masqués.
Parfois je mets le masque. Et je me souviens…

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https://arretfacultatif.wordpress.com Deze blog is geschreven in twee talen (nederlands-français), door twee opmerkelijke vriendinnen. Wij vertalen elkaar niet, noch corrigeren elkaar, maar vormen samen een complementariteit in woord en beeld. Wij willen graag met onze handen laten geboren worden daar waar u kan van genieten, onder welke vorm dan ook. Poëzie en kleine stukjes uit het leven, maar ook volsagen verzonnen verhalen, hier vindt u het allemaal!
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